Le territoire ni cédé ni abandonné des Wolastoqey/des Mi’kmaq/des Peskotomuhkati/Fredericton
– Dans son nouveau plan pour l’avenir du réseau électrique de la province, Énergie NB n’établit pas le réseau fiable, abordable et renouvelable que les Néo-Brunswickois veulent, et dont ils ont besoin, pour faire face aux conséquences toujours plus désastreuses du changement climatique. Les auteurs du plan intégré des ressources (PIR; un plan d’offre en fonction de la demande) sur 25 ans des services publics, publié le vendredi 4 décembre, proposent de conserver les émissions de gaz à effets de serre (GES) au niveau actuel, soit aux alentours de 3 millions de tonnes par année jusqu’en 2040. Ce plan est inadéquat face à l’aggravation du changement climatique et à l’objectif de la législation fédérale d’atteindre près de zéro émission au Canada en moins de 30 ans.

« À l’heure où le monde fête le 5e anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat, où le Nouveau-Brunswick fête le 4e anniversaire de la publication de son propre plan sur le climat, et où le gouvernement fédéral doit annoncer une réduction plus nette des GES d’ici à 2030, Énergie NB et notre province prétendent qu’il n’est pas nécessaire de prendre des mesures supplémentaires », déclare Louise Comeau, directrice du programme Solutions pour le changement climatique et l’énergie du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick.

Les plans d’Énergie NB ne reflètent pas ce que les Néo-Brunswickois ont demandé. Lors de son propre sondage, 85 % des Néo-Brunswickois ont dit à Énergie NB que la « transition du Nouveau-Brunswick vers un avenir éconergétique devait permettre de minimiser les répercussions sur les tarifs et sur l’économie ». Or, le PIR d’Énergie NB ne tient pas compte de cet aspect.

Aujourd’hui, les nouveaux projets d’énergie éolienne et solaire constituent les formes d’électricité les moins chères de la Terre. Cinq fois moins chères que le charbon, cinq fois moins chères que l’énergie nucléaire et trois fois moins chères que le gaz naturel. Ces technologies, qui ont beaucoup évolué au cours des 10 dernières années, sont plus fiables que jamais, surtout lorsqu’on les associe aux nouveaux réseaux de transmission et aux technologies d’entreposage d’énergie.

De plus, suite à un récent travail de recherche mené par le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick (CCNB) et l’Ecology Action Centre (EAC), on a constaté que les plans d’approvisionnement en électricité qui favorisaient une électricité plus propre étaient concurrentiels. En fait, sur les 24 les plans d’approvisionnement en électricité examinés, 80 % des scénarios qui favorisaient l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables étaient soit moins chers, soit un tout petit peu plus chers que les scénarios qui préconisaient des technologies conventionnelles polluantes.

« Nous avons besoin d’un réseau électrique conçu pour mettre notre portefeuille à l’abri, nous préserver des coupures de courant provoquées par les phénomènes météorologiques extrêmes et protéger notre santé de la pollution atmosphérique et du changement climatique », affirme Louise Comeau. « Au lieu de cela, les responsables de notre plan d’approvisionnement en électricité provincial ignorent la climatologie et s’apprêtent à brûler des combustibles fossiles polluants et financièrement risqués pendant des décennies. »

Nous pouvons faire mieux. C’est maintenant, et pas dans trois ans, comme prévu, que nous avons besoin d’une mise à jour réaliste du plan d’approvisionnement en électricité du Nouveau-Brunswick. Nous avons besoin d’un nouveau processus fondé sur une vaste participation des intervenants afin d’élaborer des scénarios pertinents. L’ensemble des études et des scénarios devraient être accessibles au public pour observations, comme partout ailleurs au Canada.

Pour qu’un plan d’approvisionnement en électricité soit réaliste, ses auteurs doivent protéger l’intérêt du public en visant la création d’un réseau électrique interrégional non polluant dans lequel on accorde la priorité à l’efficacité énergétique ainsi qu’aux énergies solaire, éolienne et hydro-électrique existante. Un plan d’approvisionnement en électricité réaliste doit accorder la priorité aux quartiers alimentés par l’énergie solaire, comme le projet pilote d’Énergie NB Northbranch à Moncton et les projets de communauté énergétique intelligente comme le projet pilote actuellement mené à Shediac, dont on ne fait même pas mention dans le PIR de 2020.

Il faut dès maintenant investir dans des solutions comme les mises à jour de transmission pour favoriser le commerce bilatéral entre le Québec, Terre-Neuve et Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick afin d’assurer l’établissement d’un réseau électrique fiable, abordable et durable. Dans le cadre de son engagement d’éliminer le charbon et de créer un réseau électrique à 90 % sans émissions d’ici à 2030, le gouvernement fédéral offre une aide financière pour que ce genre d’investissement puisse voir le jour.

La combustion des combustibles fossiles (mazout, charbon et gaz naturel) déséquilibre le climat et nuit à la santé humaine. Si la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick éliminent le charbon de la production d’électricité d’ici à 2030, nous pourrons éviter plus de 125 morts prématurées, 12 100 épisodes d’asthme et 81 000 journées caractérisées par des difficultés respiratoires.

Le changement climatique coûte déjà chaque année des milliards de dollars aux familles, aux entreprises et à l’économie. Selon les chiffres d’Environnement et Changement climatique Canada, on constate que si l’on réussit à éliminer le charbon, le Canada enregistrera une économie nette de 4,7 milliards de dollars, dont 1,2 milliard de dollars en soins de santé uniquement.

Dans sa proposition, Énergie NB ignore la réalité d’une ambition croissante liée au changement climatique en omettant les politiques telles que celles qui instaurent un plafonnement des émissions, une tarification du carbone et des engagements envers les programmes fondés sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Pire, dans son PIR, Énergie NB s’oppose à la nouvelle énergie éolienne jusqu’en 2033 au lieu de tirer parti des solutions techniques existantes, dont les liens régionaux à la capacité ferme de l’hydroélectricité et l’investissement dans les technologies de batteries, dont le coût baisse rapidement.

Dans son PIR publié le mois dernier, la Nouvelle-Écosse entend aussi prolonger la combustion du charbon jusqu’en 2040 au minimum. Si ces plans sont maintenus, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick seront les dernières provinces à utiliser du charbon au Canada.

« Nos politiciens et les dirigeants de nos services publics négligent l’intérêt du public en faisant des choix qui nuisent aux Néo-Brunswickois aujourd’hui et à long terme, mais il n’est pas nécessaire que cela soit ainsi », déclare Lois Corbett, directrice exécutive du CCNB.

Selon les conclusions de deux autres études réalisées par East Coast Environmental Law pour le CCNB et l’EAC, les règles gouvernementales contrecarrent les investissements susceptibles d’aider les ménages à faible revenu à réduire leur facture énergétique, empêchent les services publics de tenir compte des coûts sociaux et environnementaux de nos choix en matière d’électricité et ne donnent aucun signal à long terme pour que nous puissions prendre maintenant les mesures nécessaires à l’instauration d’un réseau électrique sans émission au cours des 20 ou 30 prochaines années.

« Pour atteindre les objectifs liés à la modernisation de notre réseau électrique au cours des 20 prochaines années, nous avons besoin d’une réforme légale dans le domaine de l’électricité, car nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à décevoir les Néo-Brunswickois », affirme Louise Comeau.

Pour plus d’information, veuillez communiquer avec :

Jon MacNeill, directeur des Communications, Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick : jon.macneill@conservationcouncil.ca; 506-238-3539
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